Merci Laurent Ruquier !
Philippe BILGER est un magistrat connu pour le courage de ses opinions et pour être un bloggeur invétéré. C'est avec beaucoup de surprise que j'ai découvert son dernier article. Je n'ai pas encore lu son dernier ouvrage mais je reste stupéfait par le terrorisme intellectuel subi par cet avocat général brillant.
Je vous laisse le soin d'apprécier la partialité de nos media et attends vos commentaires avec impatience...
Grâce à Laurent Ruquier, je pourrai me coucher à une heure décente le 21 juin. Je devais, à cette date, participer à l'enregistrement de son émission du samedi soir "On n'est pas couchés".
Aujourd'hui j'ai appris que je n'étais plus invité. Voilà l'histoire de cette fausse joie.
Le 14 juin, mon livre "J'ai le droit de TOUT dire" est sorti, publié par les éditions du Rocher. Avant même cette date, mon attachée de presse m'a annoncé que j'étais convié par Laurent Ruquier pour parler de cet ouvrage composé de cent billets de mon blog et d'une introduction de 75 pages originale. Pour être franc, j'ai été agréablement surpris que cet animateur fasse preuve d'une telle tolérance et ouverture d'esprit que rien ne l'arrêtait dans son hospitalité télévisuelle. Je n'étais pas loin de penser que certains passages du livre, qui l'égratignaient, me causeraient quelques difficultés dans un monde médiatique qui ne brille pas, à l'exception de Guillaume Durand, par sa liberté. Toujours est-il que j'ai accueilli cette invitation comme une opportunité exceptionnelle. Je me disais même que la télévision était peut-être en train de changer.
Première alerte. Un report de ma participation à l'enregistrement.
Puis l'annulation du 18 juin.
Je suppose que Laurent Ruquier a dû lire le texte ou que des amis bien intentionnés lui en ont parlé. J'ai l'embarras du choix pour deviner la raison qui a conduit Laurent Ruquier à désavouer son beau mouvement initial et à devenir, à mon égard en tout cas, un coupeur d'expression.
Certes, j'ai écrit un billet où je dénonçais le montage aberrant de "On a tout essayé" qui faisait que mon empoignade vigoureuse avec Pierre Bénichou était réduite à ses seuls propos. Certes, j'ai évoqué une émission, un samedi soir où Doc Gynéco est venu mettre de la vie brute dans un ronron qui tournait tranquillement autour de Roland Dumas, avec Laurent Ruquier et Mustapha, un prétendu humoriste, dépassés par cette imprévisible spontanéité. Certes, j'ai longuement exposé l'affaire reprochée au député Christian Vanneste et soutenu la cause de cet homme courageux, condamné en vertu d'une loi d'une dangereuse bonne conscience. Au demeurant légitimé par ses électeurs, hier, d'une manière éclatante.
Quelle mouche a donc piqué Laurent Ruquier pour qu'il estime que ma présence n'était plus souhaitable ? N'aurais-je pas assez fait preuve de connivence ? N'aurais-je pas autant souri, en me forçant, qu'Eric Zemmour ? Aurais-je trop défendu mon point de vue ? Aurais-je, par une gravité ennuyeuse, dénaturé l'atmosphère à se tordre de l'émission ?
Je ne sais pas. Voilà comment une fausse joie s'est changée en vrai doute. En même temps cette annulation, dans l'univers des médias, m'est apparue presque comme une évidence. C'est cela qui est triste. Qu'on ne s'étonne plus qu'un animateur choisisse ses têtes, ses esprits, ses amis et ses complices. C'est l'apartheid de la télé. Les mauvais dehors, les bons à l'intérieur du poste.
Ce n'est pas la première fois que je remarque qu'il existe un péché mortel : oser s'en prendre aux médias alors qu'ils s'en prennent à vous. Il faut toujours leur tendre l'autre joue.
Merci Laurent Ruquier. J'irai me coucher tôt le 21 juin.
http://www.philippebilger.com/blog/2007/06/merci_laurent_r.html