Le 11 septembre 2001 et Christian Vanneste (5 Years Later V2)
Il y a sept ans, j’apprenais par la radio, au volant de ma voiture, et en direct, l’attaque suicide contre les tours jumelles de New-York. Lorsque arrivant à la réunion à laquelle je me rendais, j’ai transmis l’information, je me suis heurté à de l’incompréhension, qui a laissé rapidement place à de l’effarement. Avec les deux tours, ce n’est pas un monde qui s’effondrait, comme beaucoup l’ont pensé à l’époque, mais avant tout une illusion sur un monde qui demeure semblable à lui-même, c’est-à-dire dangereux, et d’autant plus dangereux qu’il est plus mondialisé.
Depuis le 9 novembre 1989, un fantasme avait conquis le monde, celui de « la fin de l’histoire », comme disait Fukuyama, avec la victoire des démocraties sur les totalitarismes qui depuis le milieu des années 70, avaient reculé partout, et avec la suprématie mondiale de la première d’entre elles : les Etats-Unis d’Amérique.
Le 11 septembre, cela paraissait plutôt « le choc des civilisations », c’était la réponse d’Huntington. En fait, cet événement tragique qui a marqué l’opinion mondiale et entraîné des réactions militaires dont les conséquences se développent encore aujourd’hui, était plutôt un rappel : celui de la permanence de la violence dans l’histoire humaine, celui de la persistance de l’irrationnel dans sa gestation, celui de la pérennité des intérêts prédateurs sur les bons sentiments. Le XXIème Siècle, ouvert sur le projet de paix perpétuel à la Kant, laissait à nouveau la place au Prince de Machiavel, avec le risque de voir les démocraties, entre légitime défense et désir d’hégémonie, utiliser sans vergogne les armes de leurs adversaires. L’ère des grands empires est aujourd’hui bien revenue, celle des États dont la taille et la puissance se mesure à la hauteur de leur capacité de nuire, plutôt qu’à celle de leur respect des Droits de l’Homme. Il est plus facile d’intervenir au Kosovo et même en Irak, plutôt qu’au Tibet ou en Géorgie. C’est Hegel qui soulignait que la belle âme a les mains blanches parce qu’elle n’a pas de mains.
Aujourd’hui, Benoît XVI arrive à Paris et on peut se souvenir à cette occasion que son prédécesseur, Jean-Paul II, avait joué un rôle important dans l’effondrement de « l’empire du mal », et sans divisions blindées, contrairement à ce que pensait Staline.
Cela dit, les divisions blindées, ou plutôt aujourd’hui, la guerre des étoiles, accompagnée de guérillas diverses et d’une pression économique accrue, ont aussi joué un rôle dans la disparition du totalitarisme communiste. Reagan a aussi eu sa part. Il faut donc simplement se féliciter que le monde que nous défendons ait les armes réalistes de sa défense, mais en exigeant qu’il sache encore ce qu’il défend et pourquoi il le fait. Les fins ne justifient pas n’importe quels moyens, mais elles sont cependant les seules raisons acceptables de notre action : il n’y a pas de politique réaliste sans morale politique. Voilà la leçon que doit nous inspirer le 11 septembre.