De l'air frais !
Philippe BILGER, avocat général près la Cour d'appel de Paris, que l'on ne présente plus (voir son bloc-note et cet article), commente largement, dans son dernier opus, J'ai le droit de TOUT dire, la tendancieuse affaire qui porte mon nom. (à noter que vous pouvez retrouver en cliquant sur leurs noms mes articles sur Philippe MURAY -décidemment très regretté y compris par Monsieur BILGER-, Eric BRUNET, François BILLOT ou Jean SEVILLIA). Philippe BILGER est un fin observateur de notre vie politique et de notre société. Sa plume est alerte comme son blog (son livre reprend d'ailleurs ses différents articles). Ses critiques sur les media bien-pensants -que je fais miennes ayant dû les affronter- sont lucides et ses exemples nombreux. En reprenant la phrase de Jean BAUDRILLARD « la lâcheté intellectuelle est devenue la véritable discipline de notre temps », il montre comment la télévision annihile toute pensée en se prenant pour une finalité alors qu'elle devrait avant tout favoriser la communication de la pensée d'autrui. La charge est rude mais vraie. Et de citer les méthodes de nos festivus festivus (MURAY) médiatiques... « Ces forteresses acquises aux conformismes rentables » se repaîssent finalement des quelques coups d'éclat qui suscitent immédiatement l'indignation de nos jocrisses. P. BILGER est conscient du combat à mener car « la liberté de l'esprit » est une « une précondition de la grandeur » (NIETZSCHE). S'ensuit alors une véritable charge contre ces politiciens (nombreux de fait...), inconscients ou non, qui cèdent aux communautarismes (« la République en miette ») et de lancer un vibrant appel à la liberté contre la judiciarisation de notre société. Il en vient par voie de conséquence à commenter la loi du 31 décembre 2004 sur la Halde. Reprenant les propos de Paul THIBAUD, il note qu'avec celle-ci « le particularisme est privilégié au détriment de la collectivité civique, le service d'une clientèle au préjudice de la démocratie et des valeurs qui la fondent ». Et lui de s'attaquer à cette justice servile devenue « une auxiliaire technocratique des lois de police et de pouvoir sur les multiples expressions de la pensée (...) qui ne crée rien mais qui commente le danger et le justifie ». Je le cite: « Avant l'examen du pourvoi en cassation, convient-il de rendre les armes et d'accepter une défaite judiciaire qui ne laisse pas d'agiter les esprits répugnant à prendre pour vérité acquise les diktats de la bienséance catégorielle et le contenu d'une loi arrivée dans notre espace comme on le sait ? Ils n'ont pas été nombreux, force est de le reconnaître, ceux qui ont assumé le risque de défendre ce député. On aurait pu espérer une réaction solidaire, notamment en raison de sa mise en cause pour un propos tenu lors du débat parlementaire, certes repris dans l'interview de La Voix du nord, mais tout de même. On aboutit à ce paradoxe que l'immunité attachée à l'opinion d'un député, parcequ'il convient de préserver toute sa liberté pour la qualité et la sincérité du débat public, peut être détruite par l'entremise d'un journaliste qui la met en exergue. Il y a pour le moins un détournement qui aurait dû mobiliser les collègues de Christian VANNESTE, toutes tendances politiques confondues (...). Sans doute, dans les couloirs, a t-il reçu des messages d'approbation et de soutien, le témoignage d'une sympathie d'autant plus vive qu'on lui permettait de demeurer discrète. Des professeurs de droit ont écrit en sa faveur dans des publications de droite. Un esprit paradoxal, courageux et talentueux, Michel SCHNEIDER, a même osé, le 14 février 2007, lors d'une émission de télévision (...), proférer cet argument de bon sens que Christian VANNESTE n'ayant insulté aucun homosexuel en particulier ni fait violence à aucun des membres de cette communauté, il avait tout à fait le droit d'exprimer des généralités, qui, pour lui d'ailleurs, étaient des « conneries ». (...) Quel audace il faut ! (...) Pour expliquer cette disette voire ce désert, ce parlementaire n'y serait-il pas pour quelque chose, dans un monde qui n'aime rien tant que les tièdes consensuels, les provocateurs sans intelligence, les mous qui s'excusent d'avoir été rudoyés par les coteries dominantes qui font la loi, dans tous les sens du terme ? Mais malheureusement pour lui et heureusement pour la démocratie, Christian VANNESTE est exactement l'inverse. Agrégé de philosophie, ayant enseigné cette matière, familier avec les plus grands esprits, kantien d'inspiration, infiniment cultivé, personnalité atypique, parlant vrai et, désatre, comble du discrédit, député UMP. Ailleurs, dans l'un de ce ces cénacles obscurs, l'une de ces mouvances influentes et minuscules, soutenu par tel ou tel hebdomadaire décrétant le bien et le mal, il aurait eu sa chance. Comme il est, il n'en a eu aucune. Au contraire, ont fondu sur lui avec une condescendance incroyablement satisfaite d'elle-même, aussi bien la majorité de l'UMP qui ne le vaut pas et qui a tout faux – que les mille tenants de la pensée et de l'humanisme uniques. On n'a rien trouvé de mieux que de lui retirer son investiture, mais cela heureusement n'aura aucun effet sur sa candidature aux prochaines législatives dans la 10ème circonscription du Nord. Tous les imbéciles de s'écrier « il est vraiment nul, ce Vanneste ! ». on n'a pas le droit de parler de l'homosexualité, il FAUT l'adorer, il FAUT l'aimer. La conquête de son électorat passe obligatoirement par là. Hors de question de prétendre, même au bout de la pensée, s'interroger sur la validité de cette loi ! Acceptons que l'électoralisme et l'humanitarisme aient eu raison d'engendrer ce particularisme qui est en train de diviser la France en compartiments hétérogènes les uns par rapport aux autres. Le terrible, en l'occurence, c'est que la loi divise au lieu d'unir. Elle consacre des appartenances et valide des comportements au lieu d'imposer des règles et une morale commune. (...) » Je vous laisse lire la suite de cette introduction. Monsieur l'Avocat général près la Cour d'Appel de Paris y critique notamment l'argumentation de mes censeurs et espère qu'avec l'élection de Nicolas SARKOZY le consensus tiède disparaisse... Un ouvrage à acheter et à lire de toute urgence ! De l'air frais... enfin !