Philippe Muray et Andreï Makine.
Je profite souvent de ces temps de vacances parlementaires pour lire les nombreux ouvrages que je n’ai pu feuilleter le reste de l’année. C’est ainsi que j’ai beaucoup apprécié (entre autres ouvrages) un des derniers livres du très regretté Philippe MURAY Festivus Festivus (entretiens avec Elisabeth LEVY, chez Fayard). Pour lui, l’homo festivus est en train de céder la place au festivus festivus, allusion au sapiens sapiens d’autrefois. Désormais « l’humain fête qu’il fête ». Sa critique de la société post-moderne est tout bonnement excellente. Il y aurait tant à dire : un post n’y suffirait pas. Sa critique de la loi portant création de la halde se révèle d’une cruelle actualité et ses formules (« les matons de panurge »..) nous manquent.
Je viens également de terminer le charmant et très percutant petit ouvrage d’un russe (il vit en France depuis 1987) fort sympathique, Andreï MAKINE, Cette France qu’on oublie d’aimer (chez Flammarion, dans la collection « Café Voltaire »…), dans lequel l’auteur décortique, désabusé, la France, nos us et coutumes. Je cite :
« Et si toutes ces mines étaient imaginaires ? Et si on n’était pas obligé, en engageant une franche discussion, de soupeser les caractéristiques ethniques, sociales, sexuelles, etc. de son interlocuteur et de se censurer en fonction de ses critères ? Et si on pouvait se relever et parler à voix haute ? Comme Voltaire à ses meilleures heures. Comme Hugo sur son île. »
Et cet « immigré » francophile de conclure : « la France est haïe car les Français l’ont laissée se vider de sa substance, se transformer en un simple territoire de peuplement, en un petit bout d’Eurasie mondialisée. Ceux qui brûlent les écoles, qu’ont-ils pu apprendre de leurs professeurs sur la beauté, la force et la richesse de la francité ? ».
Un livre à méditer.