Union européenne : l'angoisse a remplacé l'espérance
J’ai été interrogé par le Journal de l’indépendance de Paul-Marie Coûteaux
En tant que député , comment mesurez-vous le poids de la réglementation européenne sur les délibérations parlementaires françaises ?
Christian Vanneste • La lucidité nous oblige à constater une diminution considérable de la souveraineté du Parlement français. Elle est généralement quantifiée à hauteur de 70% de la production de textes juridiques nouveaux. J’ai moi-même été rapporteur d’une loi portant sur les droits d’auteur et les droits voisins sur internet, qui n’était que la transposition d’une directive européenne. Beaucoup de députés français ne semblaient pas avoir assimilé cette notion et pensaient, à tort, que l’on pouvait aller au-delà des limites imposées par le texte initial. Par ailleurs, l’intervention parlementaire nationale se trouve également encadrée par les textes fondamentaux comme la Convention européenne des Droits de l’Homme, qui a une valeur juridique supérieure aux textes fondamentaux français, puisqu’elle peut servir de base à un recours, et par les règles européennes en matière budgétaire et fiscale.
Comment interprétez-vous le Non irlandais ?
Christian Vanneste • Le Non irlandais me parait une révolte salutaire contre trois aspects particulièrement antipathiques de la construction européenne : en premier lieu, celle-ci est technocratique et non populaire ; en second lieu, elle donne le sentiment aux populations de les exposer au lieu de les protéger ; enfin, elle ne respecte pas suffisamment, et contrairement aux intentions souvent proclamées, le droit à une vraie diversité, celle qui tient à l’Histoire, à la culture, et au fait que, dans l’Europe chrétienne, certains pays tiennent davantage à conserver cette tradition essentielle que d’autres.
En tant qu’élu dans une circonscription du Nord, particulièrement sensible au thème européen, observez-vous chez vos administrés un intérêt ou une inquiétude sur l’évolution de l’UE ?
Christian Vanneste • L’évolution des nordistes, à l’égard de l’Europe, est révélatrice. un département victime de nombreuses guerres européennes et ayant pour voisins des pays alliés, la Belgique et le Royaume-Uni au-delà de la mer, avec lesquels il entretient des relations économiques denses depuis fort longtemps, animé par un courant social-chrétien important réunit tous les atouts pour être, plus que d’autres, porteur de l’espérance européenne. Les votes qui se sont exprimés dans le cadre des référendums montrent une évolution contraire : les nordistes jugent l’UE éloignée de leurs préoccupations et incapable de les protéger contre les menaces que sont le chômage, la délinquance liée à la drogue et à l’immigration clandestine. L’intérêt d’hier a donc laissé la place à l’inquiétude. il serait plus juste de dire que l’angoisse a remplacé l’espérance.