Lâchetés vs résistance...
J’ai lu, dans la revue mensuelle Politique Magazine, une excellente chronique sous le titre « Qui c’est celui-là ? » d’un dénommé Francoeur que je vous retranscris ici (avec son aimable autorisation) :
« Qu’est-ce qu’il avait donc dit, le député Christian VANNESTE, qui lui valut, le 25 janvier dernier, la confirmation par la Cour d’appel de Douai d’une condamnation en première instance à une amende de trois mille euros ?
Quelle communauté nouvellement constitutive de la Nation aurait-il « injuriée » pour être sommé de verser, à titre de dommages et intérêts, deux mille euros aux associations SOS Homophobie (si, si, ça existe…), Act Up Paris (vous savez, ceux qui convoquent FR3 à ND de Paris pour frapper l’archiprêtre « en direct » et du droit à la gaytitude opposable) et au Syndicat national des entreprises gays (il y aurait donc des entreprises tristes au pays de RABELAIS, sombre nouvelle…) Eh bien oui… Qui pouvait se sentir victime et quelle était l’arme du crime ? (...)
Mais qu’est-ce qu’il avait donc dit, ce professeur de philosophie, adjoint au maire de Tourcoing et élu national depuis 1993 ? Remarquons au passage que ces nouvelles communautés dont l’immunité à raison de leur orientation sexuelle est plus effective que celle d’un parlementaire, n’ont guère la reconnaissance du ventre, puisque Christian VANNESTE avait, en 2003, versé une partie de sa réserve parlementaire en faveur de Stop Sida et, dès 1995, était intervenu en faveur de la participation des associations militantes homosexuelles aux manifestations commémoratives de la déportation… (...)
Mais qu’est-ce qu’il avait donc dit, ce diable d’homme ?
Etait-ce assez grave, pour qu’avant même ce jugement, Jean-Luc Roméro, conseiller régional d’Ile de France, le qualifie de « verrue... qui mérite d’être condamné », sans que ce terme de « verrue » soit retenu comme une quelconque injure envers un élu de la Nation ? Mais il est vrai qu’avec l’Europe, l’élu de la Région est aujourd’hui classifié au-dessus de celui de la Nation…
Qu’avait-il donc dit, ce bougre de député, pour que le mouvement Gay lib, associé à l’UMP, déclare avec toute l’autorité de son orientation sexuelle au sein du gaullisme historique : « Christian Vanneste affaiblit et porte atteinte à notre famille politique. Nous évoquerons son destin avec Nicolas Sarkozy… » ? Destin immédiatement scellé par la ligueuse de vertu, Roselyne Bachelot qui exige son exclusion en vertu d’une éthique de l’exclusion opposable… Comprenne qui pourra. Mais on peut être angevine (de poitrine, comme chantait Boby LAPOINTE) et fumeuse dans ses positionnements sexuels… La preuve.
Mais quels mots, à la fin, peuvent bien valoir à un député une condamnation apparemment unanime si l’on s’en tient au vacarme des médias ? À quel dérapage verbal s’est-il laisser aller à la tribune de l’Assemblée, ce temple de la liberté des expressions opposables ? Quelle insulte contraire au petit livre des droits de l’homme a-t-il proférée ?
Les juges l’ont qualifiée. Les juges l’ont montrée du doigt. Les juges en ont confirmé par deux fois la nature : est considéré comme « injure à raison de l’orientation sexuelle » d’avoir déclaré que « l’homosexualité était inférieure à l’hétérosexualité »… C’est tout ? Mais alors, à raison de quelle orientation sont condamnables les députés qui, autrefois, ont fait voter que la Loire était « inférieure » à partir d’Ancenis ? Et qu’il put y avoir, en des temps obscurantistes encore récent, des « Bas » et « Haut » Rhin, n’était-ce pas homophobe ou pour le moins discriminatoire ? Le pays de DESCARTES ne sait décidément plus de quoi parlent les mots de sa langue. C’est finalement une opinion assez répandue de considérer, tout en respectant chaque personne, qu’un comportement vaut mieux qu’un autre, même en matière sexuelle où la poésie française, de VILLON à ARAGON en passant par La FONTAINE et APOLLINAIRE, n’a jamais craint de musarder sur maintes voies et orientations. Non, le plus curieux dans cette affaire, c’est qu’il ne se soit trouvé que vingt-quatre députés et quatre évêques – dont un seul prenant la défense de celui qui avait refusé une subvention de nos impôts au site Internet 2000 bites pour l’an 2000 (sic) –, pour réagir à l’ingérence de la Justice dans la libre expression d’un bien commun partagé depuis des siècles le plus populairement du monde. Deux mille bites pour l’an 2000 ? On les a sûrement atteintes… lâchetés politiques et cléricales comprises. »
J’ai lu également avec beaucoup de plaisir le débat organisé par Le Figaro Littéraire, sur l’idée de Nation, entre Max GALLO et Alain FINKELKRAULT. A lire ici.
Par ailleurs, je voulais rendre hommage à une grande dame de la Résistance qui s’est éteinte cette semaine, Madame Lucie AUBRAC. Cette grande femme, symbole féminin de la résistance française, a su aller à l’encontre de la pensée dominante... elle qui considérait qu’il fallait se battre pour la Liberté, autant en temps de guerre qu’en temps de paix...
Très bon week-end à tous et à toutes !
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