Questions à la MJC
Réponses de Christian VANNESTE aux questions posées hier à la MJC d'Halluin. (Partie I)
10 questions posées par un groupe de 7 collégiens.
Immigration : nous avons beaucoup entendu parler d’immigration pendant la campagne présidentielle, quelle est votre position ? L’immigration est-elle vraiment un problème pour que l’on en parle autant ?
L’immigration est une opportunité et un risque pour tous les pays mais aussi pour le migrant. La France n’est pas une race : c’est une Nation dont les personnes qui la composent partagent les mêmes idéaux, un certain passé commun et une foi dans l’avenir. C’est une communauté de destin plutôt qu’une communauté de sang. Les Italiens, les Espagnols, les Portugais, les Polonais, les Belges, les populations d’Afrique ont participé à la France de toujours, par leurs efforts, leurs apports intellectuels, leurs exploits sportifs et leurs sangs versés dans les divers théâtres de combats. La France a permis à tous ces citoyens d’adoption de vivre une vie meilleure, faite de travail et de méritocratie conforme à la volonté républicaine : de Félix Eboué à Rachida Dati la France a montré son ouverture et sa générosité.
Pour que cette immigration soit positive, Il faut simplement que le pays qui accueille dispose des moyens de bien accueillir afin de saisir et d’en maîtriser l’opportunité et les risques. La France a une identité qui doit être préservée et qui ne doit pas être dissoute. Cette identité repose sur un Etat-Nation fort, aux frontières reconnues, patrie des Droits de l’Homme. Toute personne doit pouvoir venir en France si elle a de quoi se loger et subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille. Elle doit pouvoir parler Français et respecter les lois de la République. Pour s’intégrer à la société française, il faut d’abord définir ce qu’est la France : une communauté de culture, de langue et de projets.
Enfin, l’immigration pose le problème du développement de certains pays qui obligent les populations à chercher un avenir meilleur dans les pays occidentaux. C’est le devoir de la France que d’aider au co-développement ; c’est-à-dire à une aide concrète, ciblée et utile qui vise à aider les populations locales et les pays en voie de développement à sortir de la pauvreté dans laquelle ils se trouvent. J’ai moi-même déposé un amendement à l’Assemblée Nationale pour aider cette politique désormais concrétisée par le Gouvernement actuel. Cette politique n’est pas celle de l’assistanat. Elle a pour philosophie un proverbe chinois : si tu vois quelqu’un qui a faim ne lui donne pas un poisson mais apprend lui plutôt à pêcher.
Discrimination : que pensez-vous faire face à la discrimination dont souffrent les plus démunis ?
Avec la mise en place de la HALDE, la Haute Autorité en charge de la lutte contre la discrimination, le Gouvernement précédent à doté notre pays d’un véritable outil de lutte contre l’exclusion. Il faut aussi poursuivre le travail de solidarité active qu’a entamé le gouvernement depuis 2002 qui avec le Revenu Minimum d’Activité et le droit opposable au logement a préféré mettre en avant les valeurs de travail et d’humanité plutôt que celle d’assistanat et de logique du marché. De même, nous devons saluer la mise en place des nouvelles zones franches comprise dans le grand plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo. Le CV anonyme doit être généralisée, la politique du handicap doit être poursuivie : tous les nouveaux accessoires de la vie publique (transports, bâtiments…) doivent prendre obligatoirement en compte l’accessibilité par les personnes handicapées. D’une manière générale, je suis partisan d’une politique d’aide, mais une aide qui responsabilise : pour aider les hommes, il ne faut pas chercher des excuses permanentes. Il faut plutôt les aider à vivre dignement et debout.
Salaires : êtes-vous pour l’augmentation du SMIC ?
Les questions économiques sont des questions difficiles qu’il ne faut pas traiter de manière simpliste. La France est un des seuls pays au Monde à permettre à sa population d’avoir un salaire minimum. Son augmentation à hauteur de 1500 euro pour 2012 est une augmentation naturelle : le salaire minimum va aller de pair avec l’augmentation des prix.
Plutôt que d’augmenter le salaire minimum, qui risque de faire payer encore plus cher notre main d’œuvre et, ainsi, augmenter le nombre de délocalisations, je suis plutôt favorable à une baisse du coût du travail et notamment des charges. Ainsi, chaque personne aura plus de pouvoir d’achat et la France restera compétitive.
D’une manière générale, je suis pour que le revenu du travail soit, dans tous les cas, supérieur au revenu de l’assistance. Il faut que l’effort soit récompensé à sa juste valeur.
Education : êtes-vous pour le port de l’uniforme dans les collèges ? Pensez-vous qu’il faille réduire la durée des vacances scolaires ?
Personnellement je suis pour le port de l’uniforme à l’école pour une raison assez simple : l’uniforme, commun à tous, permet de « gommer » les différences de richesses entre les jeunes, la concurrence des marques, et rend à l’école son aspect neutre et égalitaire.
En ce qui concerne la durée des vacances scolaires, je suis favorable à des années plus longues et des journées d’études plus courtes. Peut-être serait-il bon d’étudier la possibilité d’une semaine généralisée des quatre jours, qui réduirait, de facto, les vacances scolaires.
Logement : J’ai peur de ne pas trouver de logements plus tard, trop chers, pas assez d’aides, quelle est votre politique dans ce domaine ? Trouvez-vous normal que des étudiants ne puissent pas se loger ? Quelles solutions proposez-vous pour les SDF ?
L’acquisition d’un logement personnel est le début de l’âge adulte. C’est donc une question primordiale. Quand on est député on s’occupe de toutes sortes de questions lorsqu’on rend service à la population. La question du logement est une des plus récurrentes. Dans notre territoire, les logements, notamment sociaux, font cruellement défaut. Il faut donc continuer l’œuvre entreprise par le Gouvernement depuis 2002 : démolition et construction de 250 000 logements sociaux et réhabilitation de 400 000 logements locatifs sociaux dans le cadre de l’ANRU. Mais dans le même temps, je souhaite que chaque ménage quelque soit ses revenus puissent devenir, à terme, propriétaire de son habitat : au lieu de payer un loyer social pourquoi ne contribuerait-il pas à l’achat, sous forme de prêt à taux zéro, du logement qu’ils habitent ? Voilà une mesure sociale qui, sans démagogie, rend possible la généralisation de l’accès à la propriété. D’autre part, la construction de logements sociaux effectifs a permis de passer de 40 000 logements sociaux à 100 000 de 2002 à 2007.
En ce qui concerne le logement étudiant, il faut, là encore, poursuivre l’énorme travail commencé depuis 2002, à savoir continuer de généraliser l’allocation d’installation étudiante (baptisée « Aline ») versée par les CAF depuis juillet 2006 qui, d’un montant forfaitaire de 300 euros, aide les étudiants boursiers à s’installer pour la première fois dans un logement (déjà 61 000 bénéficiaires). Il faut aussi continuer le plan de construction de 50 000 chambres d’étudiants et de réhabilitation de 70 000 autres, et rapprocher les cités universitaires des centres d’études.
Pour le drame des sans-abris, le Gouvernement à déjà pris une mesure forte qu’il convient de mettre rapidement en œuvre : le droit opposable au logement. Politique : nous avons un Gouvernement de droite. Aura-t-il dans ses priorités la prise en compte de la situation des plus démunis ?
Cette question est provocante : en quoi un Gouvernement de droite est-il moins capable d’aider les plus démunis ? Alors que le gouvernement de gauche de Lionel Jospin a plus privatisé que les gouvernements de droite de Messieurs Balladur et Juppé réunis, les gouvernements de droite de Messieurs Raffarin et Villepin ont réalisé la plus importante œuvre sociale depuis le Général de Gaulle : droit opposable au logement, plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, procédure de seconde chance pour les surendettés, mises en place de « collèges ambitions réussites » avec des moyens très importants, création d’un service civil volontaire en faveur des plus démunis, extension de la couverture maladie universelle à ceux qui touchent un minimum vieillesse ou une allocation adulte handicapée, effort sans précédent dans la construction des logements sociaux… Sur cette question, comme sur d’autres, il faut distinguer ceux qui polémiquent avec facilité sur la misère des gens et ceux qui agissent au service de tous.
Emploi : que pensez-vous du montant des charges payées par les employeurs, est-ce un frein à l’emploi ?
Je pense en effet que c’est un frein à l’emploi. Qu’on le regrette ou non, nous sommes dans un contexte de concurrence généralisée au niveau mondial et toute les productions sont touchées par ce phénomène. Nous sommes, nous encore, plus concernés que les autres car nous habitons une zone frontalière. La question ne se pose d’ailleurs même plus seulement pour de produits comme le textile mais désormais pour la construction informatique où les Indiens et les Chinois produisent plus vite et moins cher que nous des produits identiques aux nôtres… C’est pourquoi je suis favorable à l’instauration de la TVA sociale. Cette TVA vise à faire baisser les charges payées par les employeurs (et aussi par les salariés) en compensation d’une augmentation de la TVA. Cette mesure relancera notre économie et notre emploi, car elle fera porter le poids des charges et de notre système social sur les produits, notamment étrangers, qui, plus chers, seront moins compétitifs. Nos produits seront eux moins chers, puisqu’ils coûteront moins à produire. Prison : êtes-vous pour mettre des mineurs en prison ? Voteriez-vous une loi allant dans ce sens ?
Je suis contre la prison pour les mineurs excepté dans des cas très précis. Cependant se pose, ces dernières années, une question récurrente auprès de la population est la délinquance des mineurs. Une délinquance qui tient principalement à une mauvaise éducation que la banalité de la violence dans notre société rend dangereuse pour tous. Je suis donc favorable à deux dispositions : réformé l’ordonnance de 1945 sur les mineurs (puisque le bon sens consiste à penser que les adolescents du lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, n’ont rien à voir avec les adolescents d’aujourd’hui) et mettre enfin en place les centres éducatifs fermés qui aident, par l’affirmation de l’autorité mais aussi l’apprentissage d’une formation spécifique aide les jeunes à avoir un but dans la vie.
En ce qui concerne les prisons, il faut souligner que la France a les prisons parmi les moins nombreuses et les plus vétustes d’Europe. La surpopulation carcérale et les recommandations récurrentes des ONG doit nous faire prendre conscience qu’il est temps de renouveler et d’agrandir le nombre de prisons. La population carcérale est plus importante en Grande-Bretagne qu’en France, mais la France doit rattraper le retard pris par les gouvernements de gauche : malgré tout, le Gouvernement entreprend depuis 2002 la construction de 13 200 places supplémentaires.
Retraite : pensez-vous aborder le montant des petites retraites ? Est-on sur de toucher une retraite plus tard ?
Revaloriser les retraites, notamment pour les femmes seules, me paraît une priorité. Il faut cependant pour garder notre système de retraite par répartition (c’est-à-dire que chacun cotise non pas pour sa propre retraite mais pour celui est en retraite) mettre fin aux régimes spéciaux, c’est-à-dire des régimes de retraites particuliers pour un certain type de fonctionnaire (sncf, edf…) pour les aligner sur le régime général. La solidarité entre tous passe aussi par l’égalité entre tous.
Santé : de moins en moins de médicaments remboursés, un budget énorme pour la recherche spatiale, qu’elle est votre priorité ?
Ce n’est pas ainsi qu’il faut penser le budget de l’Etat. L’Etat n’a pas a faire des choix aussi simplistes. Premièrement parce qu’arrêter certains budgets qui ne correspondent pas aux attentes immédiates de la population est démagogique et, qu’ainsi, on sacrifie l’avenir sur l’autel du présent. De plus, il n’est pas rare que des découvertes inhérentes à la recherche spatiale (ou à la recherche militaire) profite aux civils. La recherche a ainsi souvent profité des avancées connues dans des domaines très différents d’elle-même. Enfin, c’est oublier le nombre extraordinaire d’emplois que crééent des secteurs comme le recherche spatiale pour la société dans son ensemble. Les choses sont toujours plus compliquées qu’elles n’y paraissent.