Après le discours creux, le non-programme, voici les mots vides !

Publié le par Christian Vanneste

Doit-on attendre d’un responsable politique, qui plus est candidat à l’élection présidentielle de la cinquième puissance du monde, un minimum de critères ; comme bien parler la langue du pays dans lequel on entend se présenter ?

 

Je suis peut-être un peu trop révolutionnaire pour certains (comme cet incroyable Jack LANG qui s’est extasié devant les micros de l’excellent Monsieur APATHIE, ce soir, sur RTL des « nouvelles formes d’inventivité du langage ») mais il me semble que bien utiliser notre langue est une manière de nous représenter, surtout à l’étranger…

Madame ROYAL, dans son périple chinois, a parlé de « bravitude »… Peut-être ne sait-elle pas que le mot « bravoure » existe… Cher François, il faudra penser à offrir un dictionnaire à votre compagne lors de la Saint Ségolène. Cela peut toujours servir.

Mais, peut-être que je suis mauvaise langue. Peut-être est-ce un de ces « coups » de communication dont on parle tant… Peut-être aime t-elle créer de nouveaux mots ? C’est une mode socialiste (rappelons-nous, un tag n’est pas un tag, mais un mode d’expression…). Et puis une brillante Enarque comme Madame ROYAL ne peut que bien parler français.

Le néologisme va de pair avec le politiquement correct. Après la langue de bois, la langue de coton : attention, tout doit être ouaté, arrondi, creux… Pour le programme, on fera encore plus simple : on en fera pas. (Celui qui arrive à me citer cinq mesures de la candidate socialiste gagne une affiche dédicacée !).

Une petite pensée aussi à propos du voyage en Chine. Voilà quelques mois, quand le Président Chinois est venu en France, Madame ROYAL a refusé de venir à l’Assemblée pour écouter son discours alors qu’il était invité par la France. Elle protestait, disait-elle, contre le non-respect des Droits de l’Homme en Chine, et notamment au Tibet. Louable engagement.

Mais maintenant qu’elle est candidate, voilà que cela ne gêne pas du tout la socialiste d’aller en Chine, de dîner avec des dignitaires d’un Parti Communiste qui compte parmi les plus meurtriers du monde (et la concurrence entre communistes est féroce dans ce domaine !), de demander un entretien avec le Président Chinois, et même de ne pas parler du Tibet !

Le courage de Madame ROYAL s’arrêterait-il aux portes du Palais Bourbon ? O tempora, O mores

Nonobstant ce vide intellectuel (« être dans le vent est le plaisir d’une feuille morte » disait KUNDERA) je vous conseille le très bon Dictionnaire de De Gaulle, aux éditions Bouquins, qui vient de sortir.

Un véritable vaccin contre la bêtise et la lâcheté ambiante…

 

Publié dans France

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Z
Je vous recopie, Charly, ce morceau de braboure dont le texte de Muray semble inspiré :<br /> Jean Baudrillard, Amérique, 1986 :<br /> "Le sourire que chacun t'adresse en passant, crispation sympathique des maxillaires sous l'effet de la chaleur humaine. C'est l'éternel sourire de la communication, celui par lequel l'enfant s'éveille à la présence des autres, ou par lequel il s'interroge désespérément sur la présence des autres, l'équivalent du cri primal de l'homme seul au monde. Quoiqu'il en soit, on vous sourit ici, et ce n'est pas par courtoisie ni par séduction. Ce sourire ne signifie que la nécessité de sourire. C'est un peu comme celui du chat de Chester : il flotte encore sur les visages longtemps après que tout affect a disparu. Sourire à tout instant disponible, mais qui se garde bien d'exister et de se trahir. Il est sans arrière-pensée, mais il vous tient à distance. Il participe de la cryogénisation des affects, c'est d'ailleurs celui qu'affichera le mort dans son funeral home, ne perdant pas l'espoir de garder le contact, même dans l'autre monde. Sourire immunitaire, sourire publicitaire : "Ce pays est bon, je suis bon, nous sommes les meilleurs." C'est aussi celui de Reagan, où culmine l'auto-satisfaction de toute la nation américaine, et qui est en passe de devenir le seul principe de gouvernement. Sourire autoprophétique, comme tous les signes publicitaires : souriez, on vous sourira. Souriez pour montrer votre transparence, votre candeur. Souriez si vous n'avez rien à dire, ne cachez surtout pas que vous n'avez rien à dire, ou que les autres vous sont indifférents. Laissez transparaître spontanément ce vide, cette indifférence profonde dans votre sourire, faites don aux autres de ce vide et de cette indifférence, illuminez votre visage du degré zéro de la joie et du plaisir, souriez, souriez... A défaut d'identité, les Américains ont une dentition merveilleuse. Et ça marche. Reagan obtient par ce sourire un consensus bien supérieur à celui qu'obtiendrait n'importe quel Kennedy par la raison ou l'intelligence politique. L'appel à une pure congratulation animale ou infantile réussit beaucoup mieux, et tous les Américains convergent sur cet effet dentifriciel. Jamais aucune idée, ni même les seules valeurs nationales n'eussent produit un tel effet. La crédibilité de Reagan est à l'exacte mesure de sa transparence et de la nullité de son sourire." (p.36-37, Livre de Poche, Biblio essais.) 
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H
Amusant cet article ... J'aime assez le style ... Et quand je pense que l'on me reproche mon ironie et mon "persiflage" ... Bon d'accord je suis pas à la hauteur de ce Maître ... Mais ... J'y travaille !!!Et dans la mesure où vous estimez qu'il a tout compris, je me permets de citer un court extrait de ce qu'il estime être les principales préoccupations de Soeur Sourire :"Formation, éducation, culture, aménagement du territoire, émancipation, protection, développement durable, agriculture, forums participatifs, maternité, imaginer Poitou-Charentes autrement, imaginer la France autrement, imaginer autrement autrement."Ben ... Vous, vous en faites ce que vous voulez mais moi ça résonne comme une douce musique dans mes oreilles ... Ca me change du "Les Français en veulent pour leur argent" du boutiquier de service ....
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C
Vous avez des sources sur internet afin que je puisse le lire?<br /> J'avoue que je reste assez baba devant muray... mort il y a longtemps il avait déjà tout analysé!
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L
Tout à fait d'accord avec vous, cher Charly! <br /> Nous lisions avec grand plaisir déjà ses chroniques dans Marianne. Ses ouvrages nous ont ravi par leur limpidité de ton et d'esprit. Bref, il nous manque comme vous le dites terriblement!<br /> Il n'y a guère plus d'écrivains de son acabit aujourd'hui.
Z
Baudrillard l'avait aussi décrit ce sourire factice dans son livre sur l'Amérique.
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C
Je cite (j'adôre!!)<br /> "On tourne autour, on cherche derrière, il n’y a plus personne, il n’y a jamais eu personne. Il n’y a que ce sourire qui boit du petit-lait, très au-dessus des affaires du temps, indivisé en lui-même, autosuffisant, autosatisfait, imprononçable comme Dieu, mais vers qui tous se pressent et se presseront de plus en plus comme vers la fin suprême."<br /> et son "je souris partout"...<br /> Un article d'actualité! Terrible!
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