Outreau, Nouchet, Hodique... quand la justice dérape.
La Voix du Nord de mercredi dernier revient sur une affaire qui avait défrayé la chronique dans le Pas-de-Calais, il y a de cela 5 ans, et qui montre les ravages que notre Justice peut engendrer mais également l’incurie de certains politiciens.
Il s’agissait d’un couple parfait. Elle, directrice de la maternelle de Bucquoy (1 200 hab.). Des bruits courent. On sait tous à quel point les ragots, potins et autres rumeurs peuvent aller vite dans nos campagnes. Lui va donc porter plainte pour dénonciation calomnieuse à la gendarmerie et se retrouve mis en garde à vue pour agressions sexuelles et viols sur cinq enfants de l’école de sa femme. Et la machine s’emballe... En septembre 2001, la directrice est suspendue par l’Education nationale avec obligation de fuir, sans traitement... Lui sort enfin de prison au bout de un an mais le contrôle judiciaire l’empêche de voir sa femme. Enfin, la Cour d’Appel rend un non-lieu que la Cour de Cassation confirmera en février 2007... Lundi soir, Gilles de ROBIEN, Ministre de l’Education, commande le rétablissement des droits de la directrice.
Je tenais à apporter ici tout mon soutien de parlementaire, de citoyen et de père à ces parents injustement condamnés par un système et une justice, qui après l’Affaire d’Outreau ou l’Affaire Nouchet – dans laquelle un jeune homme passe 11 mois en prison pour une dénonciation calomnieuse et mensongère-, se trouvent toujours être aussi expéditifs, ne respectant pas la présomption d’innocence.
Mais je tenais également à souligner la légèreté du Ministre de l’Education de l’époque. Dans une lettre en date du 6 septembre 2001, ce Ministre, élu de la Région, adresse aux parents concernés une lettre de soutien « dont le début balaie le beau principe de la présomption d’innocence que défend une loi qu’il a pourtant votée quelques mois plus tôt : « c’est avec stupeur et consternation que j’ai appris les actes scandaleux et odieux commis par l’époux de la directrice de l’école maternelle de Bucquoy, où sont scolarisés vos enfants » (La Voix du Nord). Ce même Ministre qui ose ensuite affirmer à la victime de ce carnage judiciaire, dans une lettre en date du 18 décembre 2005 (après le non-lieu de la Cour d’Appel) : « ma mémoire ne me permet pas de reconstituer les éléments du dossier ». Sans commentaires.