Lucidité... et Liberté !
Après quelques jours de vacances, au lendemain du vote de la réforme de la Constitution, je suis de retour à Tourcoing. C’est l’occasion de faire le point.
Un coup de rétroviseur d’abord sur l’essentiel des vacances : beaucoup de lectures parmi lesquelles je retiendrai un roman, Petit Frère, d’Éric ZEMMOUR. C’est un ouvrage d’une rare lucidité, presque prophétique puisque malheureusement il anticipe la montée de la haine communautaire dans le 20ème arrondissement de Paris en imaginant un assassinat. Celui-ci a bien failli se produire. Ce n’est pas l’effet du hasard puisque l’essayiste qui se cache derrière le romancier ne prévoyait pas un événement mais analysait avec une redoutable perspicacité l’évolution de notre société. J’ai noté particulièrement sa peinture au vitriol des idéaltypes qui se partagent le fallacieux pouvoir qui règne aujourd’hui, avec la journaliste soumise au culte du politiquement correct et de la pensée unique et son comparse, le député opportuniste qui oriente ses valeurs à la lecture des sondages. Mais ce pouvoir apparent, ces discours convenus, et cette omerta sur les sujets qui fâchent cachent les problèmes non résolus, la montée des périls, la disparition des identités et des communautés réelles au profit d’une société uniformisée, mondialisée au sein de laquelle on ne peut plus chercher son accomplissement que dans la violence.
J’ai également relu les principes de politique de Benjamin CONSTANT, ouvrage remarquable que l’on peut placer parmi les références du libéralisme conservateur. Je retiendrai particulièrement son attachement au mode de scrutin « sectionnaire » et «populaire », c’est-à-dire celui par lequel des vraies gens élisent leur député dans le cadre d’un enracinement local. La dénonciation par Constant du scrutin national qui éloigne les élus des électeurs, favorise les brigues et la soumission des élus aux détenteurs de l’autorité, est un régal.
On retrouve des idées identiques à celles de Constant chez l’immense écrivain russe qui vient de nous quitter : Alexandre SOLJENITSYNE. Pour lui, comme pour Constant le patriotisme ne peut exister sainement sans qu’il y ait une démocratie locale et associative forte et bien sûr une liberté d’expression garantie. Je me souviens avoir découvert dans les années 60 à la suite d’une émission de Pierre DUMAYET, Une journée d’Ivan DENISOVITCH, qui a été pour moi la révélation de ce qu’était l’univers concentrationnaire soviétique, dont les partisans formaient encore en France le second parti le plus important. Le retard pris par les « intellectuels de gauche » dans la prise de conscience de ce qu’était le communisme est sans doute l’un des aspects les plus honteux de l’histoire de notre pays au XXème siècle. L’Archipel du Goulag ou le Premier Cercle m’ont marqué profondément. Je me rappelle cette terrible image d’un camion de laitier dans lequel le KGB embarque un opposant politique au petit matin sous le regard ravi d’un journaliste occidental qui se dit que suivant le mot de CHURCHILL, lorsqu’on frappe à la porte le matin, désormais en URSS, c’est aussi le laitier…
L’aveuglement monstrueux de « certains phares de l’intelligence française » ressemble à celui de ce journaliste. La complaisance d’un SARTRE à l’égard du totalitarisme le confirme amplement. Non seulement, malgré la prise de conscience d’un GLUKSMAN par exemple, certains ont continué à encenser les dictateurs rouges, mais beaucoup ont attendu au tournant le réactionnaire Soljenitsyne, comme si devant le mal absolu la réaction n’était pas absolument nécessaire. Personnellement, je le place dans mon Panthéon, au côté de JEAN-PAUL II et de Ronald REAGAN comme les vainqueurs de l’Empire du Mal.
Malheureusement, dans notre pays le mal est endémique et se pare de bonne conscience. J’en veux pour preuve le scandaleux soutien apporté par certains et par le parti socialiste en particulier à la demande de libération de Marina PETRELLA et au refus de son extradition. Ce sont les mêmes qui se font aussi les défenseurs de César BATTISTI. La complicité de la Ligue des Droits de l’Homme suffit à discréditer cette association. Comment peut-on justifier l’usage de la violence et de l’assassinat dans une démocratie, où le débat politique est libre ? Le soutien qui leur est apporté est une insulte à notre amie, la démocratie italienne. La complaisance à l’égard des souffrances de ces terroristes non repentis et non punis est une injure à la véritable souffrance de leurs victimes. Que chacun regarde à nouveau le corps recroquevillé d’Aldo MORO dans un coffre de voiture abandonnée rue des boutiques obscures à Rome : il saura alors que la justice doit passer, que ces assassins doivent être enfin condamnés et punis et que ceux qui veulent s’y opposer sont évidement des ennemis de la République.
Que la France de François MITTERRAND ait pu accorder un asile politique, non pas aux opposants d’une dictature, mais à ceux qui utilisaient les armes contre la République Italienne est une tâche indélébile sur l’honneur de la France.